Le
Lucernaire, mercredi 19 h. Cela commence par une petite
musique critalline et nostaligique à la fois. Infiniment
impudique. Cest lécriture de Carole Fréchette
qui crée ce petit miracle. Une silhouette fine se déploie,
entre ombre et lumière, dans cette salle de poche suspendue
à ses paroles, à sa voix. Marie Rivière,
l'égérie d'Eric Rohmer, la Delphine fragile
du "Rayon vert", la Magali de "Conte d'automne",
nous raconte une éducation sentimentale sur le ton
de la confidence, des histoires d'amour qui finissent toujours
un jour, égrenées au fil des rues d'une Bruxelles
redevenue poétique. Des petites choses quotidiennes,
simples mais qui, selon les mots de la comédienne,
" vont nous faire toucher les étoiles".
"La
Peau d'Elisa", de la Québécoise Carole Fréchette,
c'est avant tout le corps pudique et subtilement érotique
de Marie Rivière, ses phrases parfois à bout de
souffle, sa présence enrichie par la mise en scène
discrète et intelligente de Carole Anderson. Comme la
Shéhérazade du conte qui parle toute la nuit pour
échapper à la mort, Elisa fait revivre les belles
choses de l'amour pour lutter contre la vie qui fout le camp.
Une heure vingt de plaisir tour à tour profond, ironique
et drôle.
Ce quasi-monologue, justé ponctué de quelques
échanges avec le prometteur Jonathan Jume, fait regretter
de ne pas voir plus souvent cette émouvante et subtile
comédienne. "J'aimerais jouer avec des partenaires",
nous confie Marie Rivière. En attendant, on peut aller
voir aussi "Le Canapé rouge", un court-métrage
qu'elle a coréalisé avec Eric Rohmer, projeté
dimanche, à 14h30 à la Cinémathèque
de Paris-Bercy. Et cette fois, ce sera une franche comédie.
Jannick Alimi
"La
Peau d'Elisa", de Carole Fréchette, à 19
heures, sauf dimanche et lundi, jusqu'au 18 octobre, au Lucernaire,
53 rue Notre-Dame des Champs, Paris VIème. Pris des
places : 15 euros
Tél. : 01 45 44 57 34